Résister à la tentation populiste

Compte-rendu, vidéos, photos… retrouver les échanges qui ont passionné le public, venu en nombre à l’Ancienne marie de Sceaux, débattre avec Erwan Lecoeur, sociologue et politologue, spécialiste de l’extrême droite.

Découvrez les vidéos, les photos, le compte-rendu et la bibliographie de cette soirée débat.

  • Pourquoi les idées antirépublicaines de l’extrême-droite monopolisent-elles le débat public ?
  • De quelle manière le discours populiste se propage-t-il et pour quelles raisons séduit-il ?
  • Comment éviter la défaite de la pensée progressiste porteuse de libertés, d’égalité et de fraternité ?

Plus de cinquante personnes ont participé, jeudi 17 février à l’Ancienne mairie de Sceaux, à la soirée débat autour du thème : Résister à la tentation populiste.
Deux heures de conférence et d’échanges. Une analyse sociologique captivante. Un décryptage pertinent de la situation politique. Un débat stimulant. Une invitation à ne pas baisser les bras et à agir, notamment au niveau local.


Vidéos de la conférence

Trois vidéos, extraits de l’intervention de Erwan Lecoeur lors de la soirée débat de Sceaux le 17 février 2022 :

1 – Les mots et les concepts de l’extrême-droite qui monopolisent le débat public.
2 – La propagation des discours populistes : les réseaux et les médias.
3 – Résister et agir face aux discours de l’extrême-droite.

1Les mots et les concepts – 20′
2Les réseaux et les médias – 20′
3 Résister et agir – 16′

Photos


Compte-rendu

Ce compte-rendu des débats autour des principales questions abordées, rédigé par Sceaux en commun, a aussi été publié par La Gazette de Sceaux

Les deux formes de « populisme »

La précision sur les deux formes du terme « populisme », explosé par Erwan Lecoeur, fut tout à fait pertinente. La première forme distingue les personnes selon leur identité, le populisme favorisant alors une certaine typologie de population, selon leur nationalité, leur religion, leur origine ethnique. La deuxième forme fait référence au concept de classe, le populisme désignant le fait de favoriser le « peuple », la classe populaire, plutôt que les élites et les nantis. C’est la focalisation des différences fondées sur l’identité que portent les discours actuels de l’extrême-droite.
La gauche, qui vise à réduire les inégalités, peut aussi se dire « populiste » dès lors qu’elle défend les classes populaires. Mais le terme est aujourd’hui largement dévoyé et négativement connoté. Les partis de gauche préfèrent de loin défendre les notions de solidarité et de justice sociale.

Populisme et régime autoritaire

Le populisme ethnique, a expliqué Erwan lecoeur, est lié aux régimes autoritaires ou fascistes.
Car la défense des identités et des origines est utilisée pour privilégier une certaine catégorie de population (ex. les français de souche) et pour tenter de la fédérer contre les autres.
Si ce ne sont pas les qualités d’une personne, son mérite, son parcours, qui fondent sa place dans la société mais uniquement son identité, alors sont niées par essence les valeurs d’égalité (tous les hommes sont égaux) et donc de justice, de citoyenneté et de processus démocratique. Cela conduit inexorablement à l’autoritarisme et à la violence.

L’antifascisme de l’écologie politique

Erwan Lecoeur a aussi abordé le thème de l’écologie politique. Ce que l’on appelle l’écologie politique, ou l’écologisme, est née de l’écologie comme discipline scientifique. C’est en partant du constat scientifique que c’est élaboré un courant politique écologique. Et aujourd’hui ce mouvement prône une transformation globale du modèle économique et social pour construire une société plus durable.
Les écologistes sont avant tout antiproductivistes, ils opposent la production illimitée au progrès humain. En ce sens, toutes les logiques productiviste, capitalisme libéral ou étatique, sont condamnables à leurs yeux. A noter, comme l’a rappelé Erwan Lecoeur, les écologistes ne sont pas contre le progrès, contre la science, ils défendent la modernité (l’intérêt général, la raison, la recherche…) contre le conservatisme, le traditionalisme, l’ordre naturel.
Ceci conduit aussi les écologistes à être antifacistes dans le sens où ils pensent que la transition écologique ne pourra se faire que dans le cadre d’une démocratie renouvelée, plus proche des citoyens, plus participative.

Et ici, à Sceaux.

Lors de cette soirée des débats ont aussi porté les politiques locales.  Notre territoire, Sceaux, le sud du département, mériteraient certainement des politiques publiques plus en adéquation avec la transition écologique qui s’impose. On ne peut qu’espérer que nos élus locaux attachent une plus grande importance au social, à l’environnement, à la santé et à cette démocratie de proximité sans laquelle aucun changement ne sera possible. C’est là toute l’ambition de l’association Sceaux en commun.  


Les livres cités lors de la conférence

  • Serge Moscovici : Psychologie des minorités actives, 1979. 
    L’importance actuelle des minorités repose précisément sur leur rôle de facteurs, et souvent d’agents novateurs, au sein d’une société où des changements ont lieu rapidement.
  • P. Brechon, F. Gonthier, S. Abrial : La France des valeurs. Quarante ans d’évolution. PUG, 2019
    Une analyse approfondie des opinions et attitudes des Français et permet de mesurer les tendances de fond de l’opinion publique
  • H. Geiselberg (dir) A. Appadurai, Z. Bauman et al. L’âge de la régression. 2017
    Quinze intellectuels analysent le phénomène général de grande régression qui se manifeste par l’essor de repli identitaire, d’essor des démagogues autoritaires, de propagation à l’échelle planétaire d’un Mai 68 à l’envers. :
  • Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois : Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens. 1987 
    Comment amène-t-on autrui à faire ce qu’on voudrait le voir faire ? La solution se trouve dans cette introduction aux techniques de la manipulation.
  • Erwan Lecoeur : Un néo-populisme à la française. La Découverte, 2003. 
    Des clés d’explication de la réussite du « néo-populisme à la française, au-delà de son nationalisme revendiqué ou du racisme qu’il véhicule, c’est sa capacité à construire une forme d’identité collective dans une société en «perte de sens ».
  • Erwan Lecoeur. Dictionnaire de l’extrême droite. Larousse, 2007.
    L’extrême droite française depuis l’affaire Dreyfus jusqu’au Front national. L’histoire du nationalisme, de la Nouvelle droite, du catholicisme traditionaliste…
  • Erwan Lecoeur : Face au FN. Éd. Le passager clandestin / cédis. 2011
    Comment agir, penser, réagir ou répondre à ceux qui se laissent séduire par les discours de l’extrême droite ? Quelle autre vision du monde pour proposer d’autres voies de sortie des crises actuelles.

« La crise a formé le terreau favorable, pas seulement la crise économique, mais plutôt une crise de sens. L’extrême droite a réussi à se poser comme un recours à cette crise
en apportant sa propre vision du monde, une construction de frontières symboliques
 »

Erwan Lecoeur