La majorité municipale lance un appel auprès des habitants pour participer au financement des travaux d’aménagement de la place des Ailantes aux Blagis, au risque de susciter incompréhension et colère.
La place des Ailantes fait l’objet de travaux. Les arbres, les Ailantes, ont été coupés, la Maison du vélo déplacée, le parking progressivement supprimé et les travaux vont démarrer cet été. L’objectif de la ville est à la fois de végétaliser la place en y replantant davantage d’arbres, et d’en faire un lieu plus convivial qui fédèrerait les entrées de la maternelle, de l’école élémentaire des Blagis, du centre de loisirs et de l’espace Sport santé récemment ouvert. Un projet d’aménagement avait fait l’objet en 2024 d’un dossier déposé par des habitants au budget participatif de la ville. Mais en janvier dernier, la municipalité a présenté aux riverains un projet « ficelé » sur lequel il n’était pas possible d’intervenir, suscitant l’incompréhension et l’irritation des personnes présentes.

Le montant du projet d’aménagement de la place des Ailantes est estimé à environ 2,5 millions d’euros. Pour financer l’opération, la ville a demandé des aides notamment à la Métropole du Grand Paris, qui apportera plus de 200 000 €, et au département des Hauts-de-Seine, pour près de 1 million.
Pourquoi proposer aux habitants de participer au financement des travaux de la place des Ailantes ?
Lors du conseil municipal du 25 mai 2025, la maire a annoncé le lancement d’une campagne de financement participatif pour l’aménagement de cette place. « La commune de Sceaux souhaite recueillir des fonds dans le cadre du projet de réaménagement de la Place des Ailantes« , est-il indiqué sur le document municipal.
Le financement participatif donne la possibilité aux habitant et aux entreprises de contribuer au financement de l’opération sous la forme de dons qui peuvent être défiscalisés pour les personnes qui paient des impôts sur le revenu et pour les entreprises. Concrètement, la ville a confié à une société de financement la tâche de recueillir les dons. Celle-ci se rémunérera par le biais d’un pourcentage des dons de l’ordre de 7%.
La délibération indique que l’objectif est de recueillir au moins 2 000€ – un montant dérisoire au regard du coût de l’opération – et que « chaque don, même modeste, sera un symbole, une marque, inscrivant chacune et chacun dans ce réaménagement résilient ».
Liliane Wietzerbin, conseillère municipale, s’est publiquement étonnée de cette démarche, dénonçant un procédé qui risque de susciter l’incompréhension.
La municipalité n’aurait-elle pas les moyens de financer cet aménagement aux Blagis ? Pourquoi pour une place aux Blagis, est-il demandé aux riverains de contribuer alors que pour d’autres travaux, comme la place de l’église, ce dispositif n’est pas proposé ? L’objectif est-il financier ? Ou est-ce une opération de communication de plus pour valoriser la municipalité avant les élections municipales de mars 2026 en espérant mobiliser des habitants autour de ce projet ?
Un mauvais procédé pour susciter l’adhésion des habitants à un projet
Si l’objectif, comme indiqué par le maire, c’est que les habitants s’inscrivent dans un réaménagement ou un projet, il existe d’autres méthodes qui ont fait leurs preuves. Susciter l’adhésion et le sentiment d’appartenance à un projet cela se prépare en proposant aux habitants d’être vraiment partie prenante d’un projet, d’un bout à l’autre, en les associant dès le début à l’expression des besoins, à des ateliers de collaboration et de coconstruction, au suivi des travaux. Ce type de démarches de concertation permet aux habitants de s’approprier véritablement le projet et de s’en faire les portes paroles. Elles n’ont malheureusement pas été mises en œuvre sur ce projet, et ne sont de manière générale pas appliquées dans notre ville !
« Que dira-t-on s’il n’y a que peu de dons ? Que le projet est mauvais, que les habitants des Blagis ne sont pas de bons citoyens en ne reconnaissant pas ce que la ville fait pour eux, que les Scéens rejettent ce projet situé aux Blagis ? » a demandé Liliane Wietzerbin. Le maire a répondu lors du conseil municipal : « je n’en tirerai aucune conséquence ! ». Et que se passera-t-il, aussi, si une entreprise sponsorise ce projet par un don significatif pour simplement espérer un retour de notoriété ?
« En conclusion, je n’ai rien contre la nécessité de réaménager la place des Ailantes mais le lancement d’une campagne de financement participatif me semble inopportune tant sur la forme que sur le fond. Pour toutes les raisons évoquées, je voterai contre cette idée « , a conclu Liliane Wietzerbin.
A noter que ce dispositif qui permet de défiscaliser certains dons à hauteur de 66% revient à faire contribuer l’État. Par exemple, sur 300 euros de dons d'un particulier, l’État restituera 200 euros au donateur et perdra donc 200 euros de recettes. Pour une entreprise qui apporterait 5000€, l'État en serait de sa poche de 3000€ ! Autant de ressources en moins pour l’État et qui auraient pu servir à la solidarité nationale, ô combien fragilisée aujourd'hui.