Alexandre Deschaume, un Scéen engagé dans toutes les crises

« Aider », « être utile », ces mots reviennent sans cesse au cours de notre échange avec Alexandre Deschaume, 26 ans, qu’il s’agisse d’évoquer les crises Covid ou Ukrainienne. Du scoutisme à la Croix-Rouge, itinéraire d’un Scéen militant dans l’âme.

Pas facile de trouver un moment pour échanger. Vous semblez courir plus que jamais. D’un engagement à l’autre ?

Alexandre – C’est vrai ! Je n’arrête pas. Mon nouveau job à la Croix-Rouge, pour la gestion de projets au sein de la direction financière, est très prenant. Et depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, en février dernier, je me suis porté volontaire en parallèle pour la coordination des équipes accueillant les réfugiés afin de les orienter vers les centres d’hébergement. Trouver des lits et des repas pour tous est un énorme casse-tête logistique. J’ai donc deux casquettes dans cette grande maison, en tant que salarié et bénévole, ça remplit bien les week-ends et les soirées ! Mais ce n’est pas nouveau. Je crois que j’ai toujours chargé mes emplois du temps par des engagements multiples.

Depuis quand vous investissez-vous pour des causes diverses ?

Alexandre – Je suis sûrement tombé dans la marmite quand j’étais petit, car mes parents étaient eux-mêmes très présents dans le monde associatif, aussi loin que je m’en souvienne. Et grandir auprès de ma sœur, touché par un handicap, m’a forcément sensibilisé aussi au respect des différences et à l’envie de faire tout ce que l’on peut pour autrui, individuellement et collectivement. La mobilisation de toute la famille dans le scoutisme a, de même, été une belle école de l’altruisme. On y est très tôt initié aux valeurs de partage, d’entraide, de respect des autres et de la nature, à la débrouillardise aussi.

La ville de Sceaux a-t-elle le terreau favorable de votre engagement ?

Alexandre. – J’y habite depuis le début de mon adolescence, quand j’avais l’âge de me lancer. De belles interactions humaines ont pu favoriser des projets intéressants, et la présence des deux grandes cités scolaires, qui drainent beaucoup de jeunes, a aussi joué un rôle moteur. Toujours avec les scouts, on a pu monter une opération de sensibilisation pour lutter contre les violences faites aux femmes à Marie Curie et à Lakanal, en proposant à tout le monde de porter une jupe, ce qu’un grand nombre de jeunes ont accepté de faire. C’était tout simple et très fort. Je devais être en troisième à l’époque et j’ai senti qu’une bonne idée mise en pratique avec énergie pouvait faire bouger les choses. Un peu… En tout cas, je suis toujours resté mobilisé. J’ai fait partie du Conseil de la vie Lycéenne et de l’association Tremplin Musical reliant les deux cités scolaires. Je me suis toujours senti libre et assez aidé par le cadre et les infrastructures, pour mener à bien des projets à Sceaux, même s’il manquait une sorte d’incubateur de projets dédié aux lycéens et aux étudiants.

Votre soif d’engagement a-t-elle orienté vos études ?

Alexandre – J’aimais les sciences et j’ai logiquement opté pour une école d’ingénieur, sans lien direct avec une cause particulière, mais j’ai ciblé l’ECE (École Centrale d’Électronique) car son tissu associatif est très riche. A la fin de ma première année, un très bon ami marie-curien déjà bénévole à la Croix-Rouge, m’a incité à le rejoindre. J’ai même eu le temps de me former aux premiers secours pendant ces années, ce qui me permet aujourd’hui d’assurer des formations aux gestes qui sauvent. Mon idée est toujours de rendre ce que j’ai reçu.

« Pendant la crise Covid, j’ai eu le temps de m’investir à la Croix-Rouge, en participant à des interventions avec les équipes de secours »

Avez-vous réussi à concilier votre quête de sens et d’engagement avec la vie professionnelle ?

Alexandre – Le début n’a pas été évident. J’avais commencé à développer, pendant mes études, un projet d’application numérique, permettant d’optimiser le temps de prise en charge des personnes en détresse par les services d’urgence, mais c’est resté au point mort. Et si je n’ai eu aucun mal à décrocher un premier emploi, avec mon diplôme et mes années d’expérience associative, mon premier job, en tant que consultant informatique, m’a laissé sur ma faim. Je n’en voyais pas vraiment l’utilité et j’ai démissionné au bout de 18 mois. La crise Covid est arrivée à ce moment-là et j’ai eu beaucoup de temps pour m’investir à la Croix Rouge, en participant à des interventions avec les équipes de secours, ou des rapatriements sanitaires de patients vers des régions moins touchées. J’ai fini par intégrer la structure en tant que salarié. J’ai hésité, mais le poste proposé était vraiment sur mesure.

Et maintenant, toujours sur le pont ?

Alexandre – Oui, toujours habité par cette folle envie de transmettre, notamment en tant que formateur occasionnel chez les Scouts et Guides de France. Et à la Croix-Rouge, je découvre un nouvel engagement, celui de trésorier de mon unité locale. Mais j’essaye aussi d’apprendre à ménager des temps de respiration, à ne pas courir tout le temps et à laisser de la place pour voyager, découvrir de nouveaux horizons et surtout… aller voir les amis qui sont partis s’installer ailleurs en France ! La douceur de vivre, c’est l’autre héritage de ma jeunesse passée à Sceaux.


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