Le Mur de la honte

Lors de la concertation « Parlons ensemble des Blagis », les habitants ont exprimé le désir que leur quartier soit mieux intégré aux autres quartiers de notre ville. En réponse : un mur en parpaing ferme depuis 6 mois la halle des Blagis, scinde le quartier en deux et le coupe du centre ville !

Le Mur qui scinde le quartier en deux.

Ce mur a été érigé en mars dernier, en quelques jours à peine, condamnant les ouvertures de la halle des Blagis. Il empêche le passage entre la rue Léo Delibes et la place des Ailantes, obligeant les piétons à effectuer un large détour. Au promeneur, ce mur nu en parpaing renvoie une image très négative du quartier. L’impact sur les habitants et les entraves à la liberté de circulation est important.

Paroles d’habitants :

  • « Nous avons eu du jour au lendemain le sentiment d’être des pestiférés »
  • « Nous n’avons été en aucune façon consultés ».
  • « Ce mur nous éloigne encore un peu plus des Scéens dignes de ce nom ».
  • « Ici, c’est comme à Pantin, où le mur de la honte censé bloquer le passage des usagers du crack a été construit entre Paris et sa banlieue ».

Une tentative d’explication donnée par la municipalité évoque « des problèmes d’insécurité ». Trop de jeunes trainent sous cette halle, il y aurait des problèmes de trafics, croit-on entendre. Il y a trois ans, un banc sous abri, place des Ailantes, avait déjà été démonté pour éviter que les jeunes ne viennent s’y retrouver. C’est une conception bien étonnante de l’espace public et de la sécurité.

Ainsi, on détruit des équipements publics et on construit des murs… en espérant éloigner ceux qui gênent. Mais s’attaque-t-on réellement au problème ou bien ne fait on que le déplacer de quelques mètres ? Qui peut croire que l’on va ainsi diminuer les incivilités ?

Un projet de rénovation de la halle serait prochainement envisagé, indique aussi la mairie. Quel projet ? Quelle est l’information donnée aux habitants ? Quelle concertation menée avec le quartier ? Nul ne le sait. L’annonce ressemble malheureusement plus à une justification à la présence du mur, qui est là pour durer, qu’à l’annonce d’un projet véritable.

Lors de la concertation « Parlons ensemble des Blagis », les habitants ont exprimé leurs inquiétudes vis à vis de la dégradation des conditions de vie dans le quartier : état du parc immobilier, du centre commercial, diminution des services publics, incivilité en hausse, etc. Ils ont également fait valoir leur attachement à leur quartier, regretté qu’il ne soit pas mieux intégré à notre ville, évoqué leur souhait d’un lieu ouvert, vivant, dynamique, propice aux liens entre les habitants. En réponse, la ville a proposé une feuille de route et des actions -dont nous avons d’ailleurs dénoncé le manque d’ambition et d’envergure. Les effets d’annonce ont fait long feu !

Avec l’aide d’un artiste professionnel, des jeunes du quartier ont participé à la décoration du mur pour tenter d’amoindrir son impact désastreux. Une initiative organisée par la Rotonde, le lieu municipal d’accueil et d’accompagnement de projets dédié à la jeunesse qui est situé à quelques mètres de la halle ainsi condamnée.