Éclairage public, mais pourquoi la ville ne veut pas éteindre ?


Lors d’une réunion publique, le 8 novembre 2022, les Scéens sont venus débattre de la sobriété énergétique de leur ville. Le Plan municipal de sobriété est apparu décevant et l’idée d’une extinction de l’éclairage public la nuit a été largement partagée. Retour sur ce débat local.


Le débat est dans la ville. Informations sur les marchés, affiches dans les rues, intervention au Conseil municipal et réunion publique, le 8 novembre dernier aux Garages, la question de l’extinction de l’éclairage public la nuit interpelle les Scéens.

Didier Missenard, premier adjoint au maire de la Ville d’Orsay et Liliane Wietzerbin, conseillère municipale de Sceaux.


Quelles économies la ville pourrait-elle faire si l’éclairage des rues était éteint au cœur de la nuit ? De nombreuses communes le font, pour quels résultats ?  Y a-t-il des risques en matière de sécurité, d’accidents ? Pour la santé des Scéens, pour la biodiversité, quel en serait l’intérêt ? La réunion publique, qui s’est tenue le 8 novembre dernier, a tenté de répondre à ces interrogations. Deux invités ont animé le débat. Didier Missenard, premier maire-adjoint de la Ville d’Orsay en charge de la transition écologique et Liliane Wietzerbin, conseillère municipale de Sceaux, auteure de la proposition sur l’extinction la nuit de l’éclairage public.

L’Appel à l’extinction des feux, lancé dans la ville en septembre dernier, avait déjà soulevé la nécessité de limiter l’éclairage public. Comme le constate le journaliste du média numérique local La Gazette, présent lors de la réunion publique : « Dans l’assistance, on approuve : le sujet devrait être vraiment consensuel, d’autant que l’extinction des lumières est facile à mettre en œuvre« . Éteindre l’éclairage public au cœur de la nuit est d’autant plus d’actualité aujourd’hui que le Plan de sobriété de Sceaux s’avère très timoré.


Dans le plan de sobriété de la ville, les économies budgétaires que représente la réduction de la puissance de l’éclairage public, sur 1/4 des lumières qui sont en Led, sont très marginales. La municipalité n’a pas osé indiquer le montant que cela pouvait représenter. Et l’engagement de réduire le nombre de véhicules municipaux de quelques unités en cinq ans fait tristement sourire.

L’initiative de la ville d’Orsay est intéressante. L’extinction la nuit de l’éclairage public a été décidée en 2020 pendant la période de confinement liée à la Covid. « Depuis, nous avons eu le temps de nous adapter et de mettre en place des éclairage différenciés selon les quartiers », a relaté Didier Missenard. Deux ans après, le bilan est largement positif. Les Orcéennes et les Orcéens ont adopté cette nouveauté sans problème. Et aujourd’hui, la ville se réjouit des économies décuplées depuis la très forte hausse des prix de l’énergie.

« Mais pourquoi la ville de Sceaux ne prend-elle pas la même décision ? », s’est interrogée Liliane Wietzerbin. Les Scéennes et les Scéens sont nombreux à partager cette réflexion. « J’imaginais que c’était déjà fait », a déclaré une participante à la réunion.  « Réduire l’éclairage pour économiser nos impôts, on ne devrait pas hésiter », a répondu un autre habitant. « Beaucoup de communes l’ont fait, les Scéens ne sont pas moins capables de s’adapter et sont tout autant responsables ! », s’est exclamé une participante. Quel gaspillage en cette période d’appel à la sobriété.

Au-delà des économies budgétaires que cette décision permettrait, cela serait aussi un signe à donner : la transition écologique impose des changements d’habitudes si l’on veut freiner la catastrophe climatique qui s’annonce, l’exemplarité est de mise.

« Il faut un peu de courage politique », a conclu Liliane Wietzerbin. Autant dire que le débat n’est pas clos.