Forte mobilisation des Scéens lors de la soirée-débat sur l’avenir de la ville.

Plus d’une cinquantaine de personnes venues de Sceaux, mais aussi d’Antony et de Châtenay-Malabry, ont participé à la soirée-débat sur l’avenir de la ville organisée à l’occasion du vote du budget. Ce fut l’occasion d’un vrai moment de partage et d’écoute.

Le 16 mars dernier, lors de la réunion-débat « Quel avenir pour notre ville« , les membres du collectif citoyen de Sceaux se sont succédés autour d’interventions sur cinq grandes thématiques : le budget, le plan de sobriété, la mobilité, l’urbanisme, la démocratie locale et municipale. Et le débat, avec la participation de Liliane Wietzerbin, conseillère municipale de Sceaux et de David Mauger, conseiller territorial, fut particulièrement constructif.

Des finances municipales en mauvaise posture

Le contexte économique difficile influe sur les finances de la ville : taux d’intérêt et poids de la dette sont en hausse alors que les ratios d’investissement, de fonctionnement, d’endettement et d’impôts locaux sont bien plus élevés à Sceaux que dans les villes voisines. Pour maintenir les priorités et développer le soutien aux services publics, à la transition écologique, à la vie associative, il est donc nécessaire de faire des choix : les dépenses inutiles ou de prestiges doivent être évitées (exemple : la ville va investir plus de 700 000 € pour que deux terrains supplémentaires du club de tennis soient recouverts d’une bulle qui ne servira que l’hiver). Or ces dépenses se maintiennent dans bien des cas : on sait que le système de vidéosurveillance, très onéreux, n’est pas efficace, que des économies d’énergie sont possibles à Sceaux, que la construction de certains équipements pourrait être décalée.

Un plan de sobriété énergétique toujours a minima

Pas de (bonne) surprise annoncée pour 2023 concernant le plan de sobriété énergétique de la ville : un plan a minima n’exploite pas le levier pourtant important que représenterait une extinction de l’éclairage public quelques heures la nuit. Les économies seraient pourtant substantielles et de nature à alléger d’autant le poids de la dette pour la ville et les Scéens. Dans un contexte budgétaire contraint, cela ne se refuse pas ! C’est également une mesure favorable à l’environnement et la biodiversité, des « priorités » pourtant affichées de la ville…

Le Paladin en perdition

Alors que la gestion de la ligne du Paladin vient de changer de main, que le parcours a été modifié et qu’un système de trajets à la demande est annoncé, il semble que plus personne n’y comprenne rien ! Ce sont succédés les témoignages de personnes logeant au Blagis et renonçant aux conférences culturelles proposées en centre ville, ou au marché du samedi matin, faute de pouvoir organiser leur déplacement.« Comment ont été lancés les appels d’offre pour gérer le Paladin, quel était le cahier des charges ? » s’interroge un participant. « Comment s’articulent les deux morceaux de lignes gérées par des prestataires différents ? », demande un autre. David Mauger, conseiller territorial, indique que Ile-de-France Mobilité a délégué une partie de la ligne à une filiale de la RATP et une autre, comprenant la ligne 6, à Vallée Sud Grand Paris… qui l’a elle-même déléguée à Transdev (détenu par la Caisse des dépôts et un groupe allemand). Il s’engage à faire remonter les remarques sur les dysfonctionnements au Conseil territorial. Un bel imbroglio pour une qualité de service en baisse….

Le vélo, à Sceaux, c’est compliqué.

Les projets de pistes cyclables sur la ville et sur d’autres communes visant à sécuriser la pratique du vélo sont présentés : cela suscite la perplexité dans le public…« Comment pourra-t-on assurer leur création de pistes cyclables sur des voies étroites à double sens, où s’implantent maintenant de récentes constructions qui font obstacle ? N’aurait-on pu le prévoir en amont ? ». Une Châtenaisienne évoque le cas sur sa commune : « la solution est d’organiser des tronçons à sens unique pour laisser la place à une vraie piste cyclable, à condition d’avoir des voies de délestage. » Mais « qui décidera ? qui paiera? » . Réponse : tous les acteurs locaux se renvoient la balle !


L’urbanisme en délicatesse


La question du vélo à Sceaux vient percuter un autre sujet : l’urbanisme. La densification urbaine nourrit depuis longtemps les polémiques, alors que de nombreux complexes immobiliers sortent de terre et dans un contexte où le nombre d’habitants à Sceaux est stable depuis les années 50 !

Liliane Wietzerbin, conseillère municipale de Sceaux, rappelle l’injonction de la Région à construire au moins 100 logements par an sur la commune. Bâtir sur l’ancien parking du centre ville semble aller dans le sens d’une réponse à cette obligation et au souhait de donner une nouvelle dynamique au centre ville. Hic : le projet de réaménagement de la place Chales de Gaulle en centre ville a récemment été bloqué par un recours déposé par certains élus de l’opposition, en particulier au motif qu’il ne prévoyait pas de piste cyclable. Mais… une piste cyclable serait in fine prévue, annonce la ville dans Sceaux Mag sans beaucoup de précisions…. Émotion dans la salle. On demande à voir, compte tenu des plans laissant peu de place aux cyclistes. « Quitte à construire, il faudrait plus de locaux pour le co-working, afin de répondre aux transformations de notre rapport au travail », lance un participant. « Cela permettrait de créer des liens, d’assurer une vie sociale plus riche dans la commune », ajoute-t-on. C’est prévu aussi dans le complexe de la place Charles de Gaulle. « En suffisance ? » Difficile à dire.

Mais bétonner de petits ilots de verdure est une autre histoire. Deux personnes s’indignent du
projet de construction de trois immeubles impasse des Aulnes, la place de deux pavillons et d’un petit pré que l’on ne soupçonne pas depuis l’avenue de Fontenay. « Le terrain abrite bien des animaux, offre un sol absorbant contre les inondations et comprend un bel érable sycomore en pleine forme que veut abattre le promoteur. Qu’importe, le permis de construire a été accordé au moment même où la ville organise des conférences sur l’importance de l’arbre pour plus de fraicheur. A la place, il est donc prévu d’ériger un ilot de chaleur ! Comment est-ce possible en pleine crise climatique ? ». Liliane Wietzerbin s’indigne : « Le permis a été accordé in extremis, trois jours avant la mise en place du nouveau Plan local d’urbanisme, plus protecteur ! « .

La démocratie en trompe l’œil

Beaucoup de questions restent en suspend, mais les échanges sont toujours riches en ce soir de mars. Un bel exercice de démocratie. Mais une voix se fait entendre, avant la fin de la rencontre, pour signaler justement un manque cruel de démocratie participative dans l’administration de la commune. « Je suis membre du Conseil Consultatif, j’ai participé aux opérations Parlons ensemble organisées par la ville. On échange, on se fait
plaisir, mais qu’est-ce qu’il en sort ? Le maire sait ce qu’il veut faire à l’avance et décide sans vraiment tenir compte des remarques. Je n’appelle pas cela de la concertation »
, regrette un monsieur. Cela ne fait plus illusion… et ça coûte très cher : « 400 000 € ! », rappelle-t-on dans la salle. A débattre toujours et encore, pour renforcer l’adhésion du plus grand nombre à la vie locale, en faisant de la politique autrement.

La conclusion de la soirée est donnée par un participant qui note la qualité des débats de cette réunion :
« Vous réconciliez les citoyens avec la politique locale et je dois vous en remercier« .